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Chasseurs, premiers écologistes de France ?

Les chasseurs premiers écologistes de France…

Quelle bonne blague !! Et pourquoi pas protecteurs de la nature tant qu’on y est ?

Cette affirmation circule depuis quelques temps déjà, sur le net, mais aussi sur des affiches, telle une bonne publicité mensongère pour une potion miracle ; message qui frise la calomnie, l’indécence. Je ne renverrai pas vers les sites web qui l’affichent, il suffit de taper sur un moteur de recherche cette expression. Je réagis à quelques-unes des affirmations de ce coup de communication, en tant qu’écologue, c’est-à-dire en connaisseur modeste du fonctionnement de la nature et des impacts des activités humaines sur celle-ci, en tant qu’écologiste, au sens idéologique, en tant que partisan animaliste, au sens éthique.

Passons en revue quelques-uns des arguments qui sont avancés dans ce coup de com’ sucré.

« Les chasseurs sont nécessaires à l’équilibre de la nature, à l’équilibre des espèces, en régulant les gibiers par trop nombreux, et les espèces qui pullulent faute de prédateurs ». Nous pourrions appeler cela l’argument de la substituabilité. En somme, heureusement qu’ils parcourent nos forêts et nos campagnes, armés de fusils, pour remplacer les prédateurs et ainsi maintenir les équilibres biologiques. Raisonnement fallacieux ! Un parmi tant d’autres. Si on prend le monde de la chasse dans sa globalité, c’est-à-dire la mentalité qui l’accompagne, les us et coutumes, les pratiques et techniques en faisant simple depuis le 19eme siècle… Qui a décimé, jusqu’à l’extinction, un grand nombre de prédateurs, grands et moyens ? Qui a causé les déséquilibres au sein des chaines alimentaires ou au moins y a contribué très fortement ? Réponse : le monde de la chasse. Sous ses différentes formes, appuyé et soutenu bien souvent par le monde politique. Donc, en effet, merci de remplacer les espèces animales que vous avez décimés. Non seulement l’extinction des grands prédateurs peut leur être attribuée, mais en conséquence la surpopulation de certaines espèces.

Le cas des sangliers est tout aussi éloquent. Qui a eu la bonne idée de croiser des souches sauvages avec des souches domestiques, et d’accroître ainsi la fécondité des femelles, augmentant progressivement leur nombre sur l’ensemble du territoire français ? Qui a eu l’idée saugrenue de faire des parcs à sangliers en quelques points de France ? Eh bien, nos soi-disant ‘’régulateurs de la nature’’. De plus, qui dans certaines régions pratiquent l’agrainage, c’est-à-dire dispersent du grain, le plus souvent du maïs, dans les forêts, voir même des tonnes de pommes, afin de les éloigner il parait des cultures, mais aussi (et surtout) de les fidéliser à certaines zones et de les engraisser ? Je vous laisse deviner…. Oui, oui toujours les mêmes. Une conséquence de cette pratique est l’augmentation de la fertilité des femelles, car il existe une relation entre succès reproductif et poids chez les femelles ; en résumé plus une laie est bien nourrie plus elle va produire de marcassins. Qui relâchent chaque année entre 10 et 20 millions* de faisans, canards colverts, perdrix, issus d’élevages, pour être abattus après quelques heures ou quelques mois de liberté ? Oui, oui, toujours eux. Si ça ce n’est pas rééquilibrer la nature franchement…. Pour ceux qui n’aurait pas vu le mémorable sketch des « chasseurs » des inconnus (voir youtube par exemple), nous n’en sommes pas si loin. Ah la noblesse de cet art ! Attendre patiemment que le gibier à plumes, aussi peureux qu’un pigeon dans un square, daigne passer devant la carabine.

Par ailleurs, qui aurait tout intérêt à maintenir le nombre de gibiers à un niveau relativement élevé ? S’il n’y a plus rien à chasser, quel devenir pour les sociétés et les fédérations de chasse ? Que faire le dimanche (ou les autres jours de la semaine) ?

Sur ce même terrain, il est mentionné également que les chasseurs sont "nécessaires à l’équilibre de la nature", qu’ils participent à la lutte contre les espèces invasives et les espèces nuisibles. Sur ce premier point il est vrai que toute contribution est la bienvenue, mais celle-ci doit être mise en balance. Ce second point sera porté à discussion un peu plus loin. Des campagnes de chasse des espèces exotiques envahissantes (EEE) aident effectivement à contrôler les populations de ragondins, ratons laveurs par exemple. Des espèces sont classées comme EEE car introduites par l’homme, bien souvent échappées, et problématiques à bien des égards : écologique, économique, sanitaire. Mais, ces actions compensent-elles les quelques 20 espèces d’oiseaux menacées, faisant l’objet de protection réglementaire, et qui sont toujours chassées, à l’encontre de la réglementation européenne ou française, mais avec la duplicité de l’état français ? Je ne crois pas non !!

A ce stade déjà, on peut mettre en doute la correspondance entre ‘’chasseurs’’ et les définitions données à l’écologisme ou à l’écologie.

Sans doute ne savent-ils pas ce que signifie écologie, écologisme, écologiste, écologique, protection de la nature ? Ou ne le sauraient-ils que trop bien, et profitent alors de faire passer un message clairement décomplexé, pour se donner une bonne image sociale, pour draguer des futurs clients et cotisants aux sociétés et fédérations de chasse ? Ou seraient-ils à ce point ignares ? Dans ce cas voir les définitions des mots susmentionnés.

Un des problèmes majeurs est le fait que la chasse est désormais considérée comme un loisir, voir un sport. Donc tuer, massacrer un autre être vivant c’est un loisir, un style de vie ? Vous parlez d’un rapport à la nature ! Déterrer des blaireaux avec des pinces et les laisser se faire dévorer vivants par les chiens c’est un loisir ? Des millénaires d’évolution pour en arriver à un tel niveau d’imbécilité (et je m’abstiens de rajouter un certain nombre d’autres qualitatifs). Tout cela avec le soutien des gouvernements, dont l’actuel n’a par exemple pas trouvé indécent, en pleine période de revendications des gilets jaunes, de crise sociale et économique, d’offrir une belle réduction sur les permis de chasse. Quelle honte ! Pensez qu’il existe également en France différents parc, ou pour plusieurs centaines d’euros (vraiment plusieurs), des gens bien friqués se payent un véritable safari, en dézinguant deux ou trois gros gibiers, qu’ils ne consommeront même pas (il y a des restaurants gastronomiques pour ça quand même, faut pas pousser). L’homme contre la rudesse de la nature. En même temps, les gibiers sont maintenus en condition de surpopulation, faudrait pas que notre gentil bourgeois (ou bourgeoise) rentre bredouille, il faut pour son argent, et pour les sensations fortes (voir l’exemple du parc de Chambord).

Oui vous l’aurez compris je suis contre la chasse, ou plutôt contre les chasseurs, actuels, et ceux qui les entretiennent. La société ‘moderne’ a perverti un acte naturel, noble, essentiel à la vie. On est bien loin du respect de la vie, ou de l’acte de tuer, qui est encore pratiqué par certaines peuplades dites primitives (ah oui au fait il parait que nous sommes les civilisés dans l’histoire !)

J’aurai pu m’étendre longuement sur ce sujet mais je vous renvoi vers un très bon livre

‘’Le livre noir de la chasse’’ de Pierre Athanaze, vraiment très bien documenté, chiffres et sources à l’appui. Il pose beaucoup d’arguments contre ceux qui n’en n’ont quasiment pas de valables.

*voir statistiques LPO


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